Avant d’être un simple groupe, The Armed est avant tout un collectif, un ensemble polymorphe où artistes et musiciens se croisent et se succèdent. Il aura donc fallu attendre 2023 et la sortie de “Perfect Savior” pour voir le groupe être un peu plus lisible, même si ce n’est toujours pas si simple, car une liste improbable d’artistes y a participé : Jacob Bannon (Converge), Eric Avery (Jane’s Addiction), Stephen Perkins (Jane’s Addiction, Porno For Pyros, Infectious Groove…), Josh Klinghoffer (Jane’s Addiction, ex-Red Hot Chili Peppers et Warpaint…), Chris Slorach (Metz, Moneen) pour ne citer qu’eux…
La musique de The Armed est encore une fois assez difficile à cerner, des débuts hardcore aux fulgurances pop des derniers opus, le panel est assez large. Sachant trouver la balance parfaite entre musique abrasive (aidée par l’ajout de couches de synthés opaques) et moments de grâce pop couplés à un condensé de violence pure.
La musique de The Armed est passionnante, incroyablement riche et ne se limite donc pas à un genre, ce qui, vous en conviendrez, n’arrange pas mon travail…
Ce qui frappe d’entrée de jeu avec “Perfect Savior” c’est qu’après avoir flirté avec la pop, The Armed y a carrément mis les pieds. Les titres sont moins abrasifs, mais n’ont pas pour autant perdu de leur énergie, bien au contraire. Car c’est bien de ça qu’il s’agit, de l’énergie. Et le groupe en déborde, il arrive à la canaliser et en résultent des titres d’une qualité incroyable, comme le titre “Everything’s Glitter”, qui aura su nous scotcher lors de sa mise en ligne il y a quelques semaines. Hymne pop-rock, à la production parfaite.
Petit aparté production, “Perfect Saviors” a été co-produit par le chanteur Tony Wolski (également membre de Genghis Tron), Ben Chisholm (Chelsea Wolfe) et Troy Van Leeuwen (Queens Of The Stone Age, ex-Failure…) puis mixé Alan Moulder (à la liste de groupes indécente). Et sans aucune hésitation, la production frôle la perfection !
“Sport Of Measure” et “FKA” ouvrent le disque de leur caractère ultra rock, leur puissance tout en gardant une forme d’audace exemplaire.
Le non moins excellent titre “Sport Of Form” nous rappelle que The Armed malgré son attirance manifeste pour la pop n’a pas pour autant oublié son penchant brut, entremêlant blasts rageurs et mélodies déchirantes. “Clone” est un autre titre remarquable qui nous balade entre beauté et violence, entre caresse et fermeté.
La musique composée ici s’est émancipée, on a le droit à plus de refrains, plus de mélodies, des titres qui visent juste à chaque fois (“Patient Mind”). Un concentré de plaisir quasi-immédiat.
The Armed nous surprend du début à la fin du disque, en atteste “Public Grieving”, qui clôture le disque peut être de la manière la plus adéquate qu’il soit. Subtil, mélodique, en fait, on en redemande tant la session d’écoute semble n’avoir duré qu’un instant.
Chaque écoute devient de plus en plus immersive, il faudra sûrement du temps pour réaliser ce que “Perfect Saviors” représente, un disque magistral qui a su briser les codes d’une industrie musicale souvent en manque de richesse créative.
Il me reste un mot à ajouter : merci !