Plongez dans l’univers brut et sans concession de Diuretic, un groupe de grindcore tout droit sorti de Philadelphie. Nous avons rencontré Alyssa (chant) et Alex (guitare) qui nous ont dévoilé les origines de leur projet, les influences qui façonnent leur son unique, et les défis rencontrés lors de la création de leur dernier album « Zero Days Without Incident » dont la sortie est programmée le 12 juillet chez Strange Mono Records.
Une rencontre authentique avec des artistes passionnés.
Pouvez-vous nous parler des débuts de Diuretic et de ce qui vous a donné envie de former un groupe de grindcore ?
Alyssa : Pete et Alex étaient déterminés à faire un projet de goregrind d’après ce dont je me souviens, et Alex a fait savoir qu’ils cherchaient un chanteur pour un groupe punk. J’avais envie de tenter le coup et je n’avais jamais fait uniquement du chant dans un groupe auparavant, alors je me suis lancé et tout a évolué à partir de là.
Alex : Pete m’avait contacté pour me demander si je voulais jouer dans un groupe de grindcore avec lui. Je ne le connaissais pas à l’époque, mais se faire proposer cela par un batteur est rare et on ne veut pas refuser.
Quels groupes ou artistes ont eu le plus d’influence sur votre son et pourquoi ?
Alyssa : De mon point de vue en tant que chanteuse, une influence évidente et de longues dates est Courtney Love, pour son côté impitoyablement mauvais et rancunier. J’ai beaucoup écouté Siege pendant que nous écrivions cet album. Certaines inspirations inattendues viennent de groupes locaux comme Soul Glo et Full of Hell, et spécifiquement l’album « Toxicity » de System of a Down.
Alex : Je suis toujours fan de l’empreinte laissée par certains des grands noms du powerviolence. Personnellement, mes préférés sont Spazz, No Comment, Lack of Interest, etc. Ils capturent cette imprévisibilité dans la musique qui ne permet pas aux auditeurs de s’accrocher à un riff parce qu’il est fini avant que vous ne l’ayez digéré et on passe à la partie suivante.J’aime composer de la musique de cette façon, bien qu’il soit amusant de constater que cela rend la communication des idées au groupe assez difficile.
Comment se déroule le processus de création de vos morceaux ? Est-ce un effort collectif ou y a-t-il un principal compositeur dans le groupe ?
Alyssa : Pete et Alex dirigent le processus de composition des chansons et la plupart du temps, le chant est l’ingrédient final. En fin de compte, nous avons tous notre mot à dire sur la façon dont ça se met en place.
Alex : Pete va littéralement fredonner un riff et me demander d’essayer de jouer ce qu’il fredonne. Il te dira aussi qu’il a une nouvelle chanson à apporter en répétition, mais ce ne sont que des batteries et tu dois y ajouter des riffs. Je suis étonné que ça fonctionne aussi bien. En dehors de ces procédés, je ne fais que composer des riffs dans ma chambre, que je ramène ensuite aux répétitions.
Comment trouvez-vous l’équilibre entre l’humour noir et la critique sociale dans vos paroles ?
Alyssa : Je ne pense pas que tu puisses avoir l’un sans l’autre. L’humour noir sans critique sociale, c’est juste un comportement d’”edge-lord” (ndlr : une personne, souvent sur Internet, qui fait des déclarations ou des actions provocatrices, choquantes ou controversées principalement dans le but d’attirer l’attention ou de susciter une réaction émotionnelle.)
Quelle est l’histoire derrière le titre de l’album “Zero Days Without Incident” ?
Alyssa : Nous avions commencé à écrire quelques chansons et toutes mes idées de titres de chansons et de contenus lyriques étaient d’une manière ou d’une autre liées au travail, alors nous avons accentué cet aspect.
Alex : Je ne me souviens pas, mais je me pose cette question de manière genre « comment en sommes-nous arrivés là ». Je pense que nous lancions des idées ou parlions de la tendance des groupes de goregrind à écrire des titres de chansons absurdement verbeux plein de Latin sur la pathologie humaine que les groupes écrivant les chansons ne comprennent pas du tout. Face à cela, nous avons décidé de recourir à une issue thématique, séduits par sa violence.
Y a-t-il des thèmes récurrents ou des messages spécifiques que vous avez voulu explorer dans cet album ?
Alyssa : Après avoir établi ce thème, cela m’a fait réfléchir plus profondément à la culture du travail en général. Tout travail peut comporter des risques, qu’il s’agisse de blessures physiques ou de dommages psychologiques. Il est inévitable de prendre des risques lorsque nous sommes obligés de vendre notre travail pour assurer notre subsistance. Le danger est inévitable. Il existe toujours une personne qui exploite votre malchance à des fins lucratives.
Alex : Je réfléchis au salaire que je perçois pour une journée de travail entière et à quel point cette somme est tristement faible, compte tenu du fait que c’est la rémunération que j’accepte en échange de presque toute ma journée, et ce, plusieurs jours par semaine. Nous sommes tous exploités, franchement arnaqués, et j’ai tendance à faire face avec humour.
Quels ont été les plus grands défis rencontrés lors de la création de cet album ?
Alyssa : Réunir tout le monde dans la même pièce pour répéter.
Alex : Transposer nos pensées en musique devient un défi de taille lorsque l’on cherche exclusivement à être chaotique et imprévisible.
Y a-t-il des pistes ou des moments de l’album dont vous êtes particulièrement fiers ?
Alyssa : “Forklift Certified Early Retirement” et “Emergency Contact Contacted” sont les seules chansons pour lesquelles j’ai écrit les paroles entièrement pendant les répétitions du groupe et ce sont mes préférées. “Psychotic Nerve Damage” a été la première chanson que nous avons commencé à écrire pour le nouvel album, et c’est la dernière pour laquelle j’ai écrit les paroles en studio le jour de l’enregistrement.
Alex : Je ne suis pas sûr de pouvoir choisir un moment. Je suis fier de l’ensemble. Nous sommes vraiment impatients de sortir celui-ci.
Comment voyez-vous l’évolution de la scène grindcore depuis que vous avez commencé ?
Alyssa : Il y a certainement plus de groupes à Philly maintenant qui se classent dans la catégorie ‘grind’ qu’il y a trois ans, ce qui est génial parce que j’adore jouer avec eux.
Alex : Il y a toujours eu beaucoup de jeunes jouant du goregrind à Philly, je pense que peut-être maintenant, il y en a plus qu’à nos débuts ? Je ne dirais pas que nous avons eu une quelconque influence là-dessus. J’espère que certains de mes amis qui n’ont jamais exploré le genre ont eu l’occasion de le faire après avoir vu notre set.
Quelle est votre relation avec la communauté grindcore, tant au niveau local qu’international ?
Alex : Nous sommes programmés sur des concerts de grindcore, nous sommes programmés sur des concerts de punk, c’est à peu près tout. Je me suis fait des amis avec quelques groupes du Japon quand j’avais une vingtaine d’années. Nous ne sommes pas sortis du pays, donc je ne dirais pas que nous avons une relation avec le grindcore international.
Quel message aimeriez-vous transmettre à vos fans et aux personnes qui découvrent votre musique ?
Alyssa : Que l’amitié est la force motrice derrière ce groupe.
Alex : Tout ce que nous cherchons, c’est de vivre le bonheur, de la même manière que le font les autres. J’espère que la musique aide.
Avez-vous déjà des plans pour la suite, que ce soit pour des tournées, des vidéos ou de nouveaux projets musicaux ?
Alyssa : Canada bébé !!!
Alex : Ouais ! Nous sommes tous très occupés, mais il y a des discussions pour monter à travers le Canada bientôt pour voir nos amis de Ratpiss. En ce qui concerne d’autres projets musicaux, je voudrais promouvoir l’autre groupe de Pete, Marathon 77. Ne vous attendez pas à du grindcore !