
Ipecac Recordings (2023)
Oxbow est un ovni, le genre de groupe qui ne peut pas s’étiqueter facilement. Fondé à San Francisco en 1988 le quatuor revient avec un thème qui est logique pour eux mais beaucoup moins pour son auditoire : l’amour. Ce huitième album donnera peut-être les clés qui manquaient ou nous déstabilisera encore plus.
Oxbow, trop précis et technique pour être étiqueté noise rock et trop charnel et direct pour être considéré avant-gardiste. L’ambiguïté qui caractérise le groupe est savamment entretenue. Eugene Robinson, le chanteur et fondateur du groupe est une personne complexe, et cela transpire dans des compositions déroutantes. Certes cet album est moins abrupte que les précédents, mais il reste quand même une expérience, et à une époque où les gens veulent du prémâché, c’est plus que remarquable.
Pour la première fois la musique de Niko Wenner, le guitariste, a servi de base aux compositions alors que d’habitude elle venait étoffer les paroles de Robinson, sorte de poète tourmenté et habité. Le résultat est plus sobre, les chants sont paradoxalement plus mis en avant, pour un résultat toujours aussi puissant. Kristin Hayter (Lingua Ignota) est invitée sur “Lovely Murk« , des chœurs viennent enrichir “1000 Hours” grâce à Roger Joseph Manning Jr. (Beck, Imperial Drag…), des cordes, des clarinettes et toute une palette de sons moins agressifs rendent cet album plus troublant.
Bref ce n’en est pas pour autant un album de ballades, mais surement une autre facette d’un groupe aventureux, qui ne laisse personne un tant soit peu curieux insensible et qui offre énormément de sensations pour qui veut un peu s’aventurer dans les méandres d’un grand huit sonore. Hautement indispensable pour comprendre ce que l’intelligence artificielle ne remplacera jamais.
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